D’un côté, détenir et fumer du cannabis est une pratique légale. De l’autre, la même pratique est passible de 6 mois de prison et 1000 $ d’amende. Cela fait des kilomètres que je progresse dans des montagnes de schistes rouges. Des réminiscences de mon précédent voyage évoquent évidemment l’Utah. Pourtant nous sommes encore dans l’État du Colorado. Dans les montagnes, sans barbelé et sans guérite, l’artificialité symbolique de la frontière semble décidément bien étrange.
Emballement
Après les 30 premiers miles de montée, j’arrive au sommet de La Sal. C’est un grand plateau surplombé par des montagnes enneigées. Je me vois arrivé parce que c’est la dernière grosse difficulté avant un profil descendant jusqu’à Green River. L’euphorie et le relâchement n’ont que peu duré. D’abord, il y a la neige qui m’oblige à faire un arrêt pour rajouter des couches partout. Ensuite, j’arrive à La Sal Jonction. C’est là que je rejoins la US 191 qui va me mener jusqu’à Moab. M’y attendent un vent de face qui me rappelle le rodéo du Nouveau-Mexique et surtout les 10 miles les plus dangereux depuis le début du voyage. Le bas-côté est minuscule mais pas inexistant, et les camions, pick-ups, caravanes me frôlent à toute allure. Quand j’essaie de rouler sur la chaussée principale, c’est pire ! Et souvent la route est libre pour pouvoir doubler en laissant l’espace de sécurité. C’est donc qu’il y a ignorance, ou mépris ou inconscience du danger. Dans tous les cas, j’enrage. Je me surprends même à gueuler contre les rafales les plus violentes qui me clouent sur place. Je m’arrête souvent. J’en profite un peu pour observer les falaises rouges aux formes magnifiques qui déjà dessinent toutes les vallées. Je ne vois pas d’autres solutions que d’endurer la peur et la colère.
Après une dernière montée épique (sans bas-côté cette fois), je me résous à rouler dans les graviers le plus loin possible de la chaussée. Progressivement, cela s’élargit et le calme revient en me laissant glisser doucement vers Moab, ses centaines de vététistes et ses falaises aux formes hallucinées.
Soin
L’un des soins que je m’accorde est la nourriture de qualité. Je m’arrête à la coop bio du coin que m’a conseillé Carrie, Moonflower. J’y fais le plein de fruits secs, légumes et graines en tout genre. Puis je m’embarque dans la Castle vallée en suivant une piste cyclable ! C’est là que j’ai trouvé de quoi monter le campement. Ce soir, au menu : couscous, tomate fraiche et avocat, relevé d’ail frais des Earthships et saupoudré de « poussière de hippie » (« hippie dust », c’est comme cela qu’on appelle la levure par ici !). En face de moi, une falaise avec une grotte monumentale. A force de l’observer, la caverne devient cavité oculaire et la montagne me révèle sa forme frappante de reptile : le museau allongé, les yeux globuleux et le corps écaillé qui se déploie à l’arrière ! Elle ne m’a pas quitté des yeux. Ce soir encore, de bons anges-gardiens veillent sur moi !
Damien



















dans un commentaire précédent je disais entre autres vive le vélo;or,ton aventure provoque à distance une réflexion propice à ma propre avancée dans ma vie ,à savoir apprendre à m’exprimer avec des mots plus justes;donc comme le vélo ne vit pas,…je te félicite d’avoir choisi du bon matériel…..et je t’envoie mes pensées chaleureuses;bon vent aussi!
Marie-Paule-aîkidoka, Alsace-Nishio;