L’Ouest Américain 2013

En 2004, sur les bancs de l’université de Savoie, je faisais la connaissance d’une américaine, Hannah Vaughn, qui renversait tous mes stéréotypes anti-américains ! Elle était fille de hippies, amoureuse de la montagne, fine, cultivée et créative. Elle me disait que les Alpes étaient belles mais étriquées et que, de son Nouveau-Mexique natal, lui manquait « the big sky » ! Pendant près de 10 ans, cette amitié a nourri en moi le fantasme d’une Amérique spatiale, radicale, riche en potentialités insoupçonnées de notre point de vue eurocentré.
En 2013, j’ai enfin parcouru avec délice l’espace américain : de Salt Lake City, où Hannah habite maintenant, jusqu’à San Francisco, en passant par le Yosemite, les parcs nationaux du Sud de l’Utah et les plaines du Nevada. J’y ai découvert que la wilderness (les vastes espaces de nature sauvage américaine) recouvre une réalité sans équivalent en Europe et que les œuvres de land-art (la Spiral Jetty de R. Smithson et les Sun tunnels de N. Holt par exemple) offraient des expériences esthétiques exceptionnelles dans le désert, ouvrant sur des réflexions inédites à propos des territoires. J’y ai découvert que la patrimonialisation de la nature dans les fameux National Parks n’empêche pas l’expérience de la marche solitaire dès que l’on s’éloigne de quelques kilomètres des vallées aménagées, que le compagnonnage avec un bâton de marche dans une nature potentiellement hostile, une séance de yoga face aux sentinelles du Zion National Park ou l’attente de l’auto-stoppeur et les 500 km qui s’ensuivent à l’arrière d’un pick-up dans le Nevada sont autant d’expériences spirituelles d’une intensité extraordinaire.