# A l’école : Aux élèves de Terminale S – Trois portraits du véganisme Américain : Rane, Jasmine et Nicole

Aux élèves de Terminale S du Lycée Monge à Chambéry,

Je vous adresse une synthèse de ma découverte du véganisme américain à travers ces trois portraits. Comme toute mise en cause d’un système normatif dominant, le véganisme ne manquera pas de provoquer des réactions de rejet, de condamnation ou de perplexité. Mais l’occasion qu’il offre de réfléchir aux régimes alimentaires en tant que problème culturel et d’interroger plus fondamentalement nos rapports avec les autres animaux me semble digne d’intérêt philosophique.

Le véganisme est un mouvement en croissance aux USA. Le nombre de végans aurait plus que doublé depuis 2009 et, en 2013, ils étaient 1 million à revendiquer ce mode de vie qui proscrit toute utilisation de produits issus d’une exploitation animale (nourriture, vêtement, cosmétique,…), soit, selon l’estimation la plus basse, 0,5 % de la population américaine. Mais les estimations vont jusqu’à 6 % de la population selon le prospective marketing du marché alimentaire US, avec une prévision de croissance x2 d’ici 2018.

Le véganisme se distingue des régimes végétaliens et végétariens par la proscription de tous les produits d’origine animale, qu’ils soient alimentaires (lait, œufs, miel,…) ou d’usage (fourrure, laine, cire d’abeille, cosmétiques, etc.), et surtout par le fait d’intégrer les questions diététiques à une préoccupation éthique et politique plus large. Plus qu’un régime alimentaire ou un mode de consommation, le véganisme peut être ainsi compris comme une véritable éthique par laquelle il s’agit de « régler » l’action individuelle et d’interroger à chaque instant les rapports violents que l’humanité entretient avec les autres animaux. C’est cet élargissement au-delà de la simple pratique alimentaire qui m’a particulièrement frappé au contact des végans américains. 

A Miami, j’ai rencontré 3 visages de cette éthique : Rane, 23 ans, triathlète de haut niveau et vendeur de fruits exotiques locaux, figure végan que j’appellerai « pragmatiste » ; Jasmine, 17 ans, militante à La Fondation pour les droits animaux de Floride (ARFF, association à but non lucratif fondée en 1989), modèle de l’activisme végan ; Nicole enfin, Ranger au Parc National des Everglades qui présenterait le visage « moyen » du véganisme – i.e un véganisme ni « marginal » (selon nos normes dominantes), ni activiste. Chacun à leur façon incarne une façon dont la question de notre animalité et de nos rapports aux autres animaux est reposée à la faveur de la crise environnementale que nous vivons. Comment vivons-nous avec les animaux ? Quel est le rapport à notre propre animalité ? Comment passe-t-on d’une pratique alimentaire à la question de nos rapports avec la nature ?

L’opinion américaine face au véganisme

Quelle que soit la tendance à la croissance du véganisme, ce mouvement reste extrêmement minoritaire dans la société américaine. L’opposition rencontrée par ces végans américains s’exprime dans la confrontation quotidienne à des contre-arguments récurrents. Remarques « à côté de la plaque », fondées sur une ignorance patente, mauvaise foi, lieux communs,… : tels sont les jugements sur leur pratique que Rane, Jasmine et Nicole m’ont confiés. Typologie des préjugés et réponses de nos végans en guise de petit florilège :

  • L’argument diététique:

C’est bien souvent l’argument premier, car le plus proche puisque lié à la préoccupation du régime alimentaire. Logique et contenu ? Réduire le véganisme à une diététique et poser l’équation : régime sans viande = régime carencé.

Le pragmatisme interroge les conséquences des actions d’abord sur le bien-être des individus. Et ce n’est pas un hasard si Rane lutte principalement contre ce préjugé selon lequel une alimentation végan serait une alimentation carencée et incompatible avec le sport de haut-niveau. Pas de viande, pas de muscles, donc pas de sport, non ? Rane peut s’appuyer, outre sa propre expérience de triathlète, sur tout un courant de la diététique du sport qui non seulement légitime mais encourage les régimes végans. Le coureur de fond Scott Jurek est une des figures de proue de ce mouvement aux États-Unis. De plus, Rane fonde sa décision dans un engagement politique global associant diététique individuelle et refus d’un système de production qui est insoutenable d’un point de vue environnemental. Refuser l’exploitation animale, c’est pour lui participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et, plus fondamentalement encore, c’est interroger le rapport d’instrumentalisation des animaux au sein d’un système industriel d’élevage. Ce dont Rane a conscience c’est que manger de la viande ne se réduit pas à « manger de la viande » : c’est dilapider des millions de litres d’eau et des millions de tonnes de denrées végétales dans l’engraissement des animaux d’élevage, c’est émettre des tonnes et des tonnes de CO2 de par ces élevages, c’est, enfin, « supporter » des pratiques d’instrumentalisation des animaux qui normalisent (industrialisent ?) la cruauté envers ces derniers.

  • L’argument naturaliste:

Les arguments de ce type opèrent un retournement du recours à la nature. Le naturaliste s’exprime ainsi : « c’est l’ordre de la nature qui fait que les hommes dominent les animaux, c’est naturel de manger des animaux, il est dans la nature humaine d’être carnivore puisque nous sommes omnivores, ces animaux ne pourraient plus exister s’ils n’étaient consommés par les hommes, et de même pour les animaux travaillant pour les hommes… » Bref, la domination de l’homme sur l’animal, quel que soit sa finalité, est « naturelle ».

C’est ici Jasmine, notre militante des droits des animaux, qui essuie le plus souvent ce genre d’arguments. Arguments bien souvent doublés, lorsque la réflexion vient interroger ce concept de « nature » si facilement opposable, par des stratégies de fuite.

  • L’argument de mauvaise foi:

Il s’agit des arguments typiques de la fuite de responsabilité : « on ne peut pas faire autrement, ce n’est pas mon action, négligeable en tant qu’individuelle, qui va changer le système. De toute façon, nous, on ne peut rien faire. C’est le système qui veut ça… » 

L’activisme végan interroge plus directement notre participation à un système qui normalise les rapports violents avec les animaux. C’est pourquoi Jasmine me dit sans cesse être confrontée à ces grands types de stratégie de défense que sont un certain « naturalisme » d’un côté, la négation de la responsabilité individuelle de l’autre.

Comment Jasmine fait-elle front ? Elle oppose à la mauvaise foi l’effectivité de l’action militante. De fait, elle voit progresser la conscience du caractère absurde de la maltraitance des animaux dans le système de production industrielle de viande, mais aussi dans tous les divertissements mettant en scène le dressage des animaux. Quand je l’ai rencontrée, elle protestait contre les conditions de dressage et de vie des animaux au sein du Cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey Circus. Le lendemain, elle allait participer à une action pour libérer l’orque du Maryland de Miami, Lolita. Par ses actions d’information et de sensibilisation, elle contribue à faire progresser dans l’opinion la conscience de la violence des rapports aux autres animaux et aussi à promouvoir une transformation des droits des animaux. Son arme ? Bien souvent l’affectivité. Une affectivité qu’elle réveille à coup d’images chocs (maltraitance des animaux, image de souffrance, cruauté de l’élevage ou du dressage), mais dont le choc vient, il faut le souligner, non du messager mais des pratiques qui sont montrées… (c’est d’ailleurs un film choc réalisé par l’organisation Mercy For AnimalsFarm to fridge – qui l’a décidée au véganisme et à l’action militante pour les droits animaux). Les arguments naturalistes et la mauvaise foi, qui ont pour point commun le sempiternel « c’est comme ça », plient alors « naturellement » sous le coup de l’empathie : qui pourrait dire encore « c’est naturel, cela ne me concerne pas » alors qu’il voit un éléphanteau apprendre « les bonnes manières » à coup de bullhook (bâton terminé par une pointe et un crochet servant à infliger une douleur à l’éléphanteau pour le soumettre), ou un porcelet envoyé vif et à coup de pieds vers une poubelle car jugé a priori non rentable dans l’avenir ?

  • L’argument culturaliste:

Proche de l’argument naturaliste, l’argument culturaliste pose tout simplement l’équation : culture = nature. Le « c’est comme ça », la « nature », sont tout simplement la coutume ou la manière d’être : « notre » coutume, « notre » manière de vivre. Bref, le « c’est la nature » équivaut ici à « c’est notre tradition ». Et c’est l’ancienneté de la tradition plutôt que la raison qui est censée être garante de sa justesse. En France et en Espagne notamment, nous avons l’habitude d’entendre cet argument culturaliste à propos de la chasse et, surtout, de la corrida – pratique qui se revendique d’autant plus d’un certain culturalisme qu’elle s’adosse à une sorte de mythologie romantique (et romanesque) s’enorgueillissant de ses artistes : Goya, Doré, Picasso et surtout Hemingway agissent ainsi comme labels dont on se revendique dans cette grande confusion entre « culture » (mœurs, us et coutumes) et « culture » (arts, contenu spirituel et finalement civilité).

C’est Nicole, Ranger en Floride en hiver et en Alaska l’été, qui entend ces arguments. Et c’est surtout en Alaska, territoire fortement lié à la chasse comme à une culture, qu’elle est « vue comme une extra-terrestre » dit-elle ! C’est qu’elle met en cause un modèle normatif propre à un groupe social, dont le rapport de prédation aux autres animaux est constitutif non seulement de la survie mais surtout de l’identité symbolique.

Comment faire face ? Nicole s’appuie à la fois sur l’argumentation rationnelle fondée sur des bases scientifiques et sur la légitimité de sa position institutionnelle de Ranger des Parcs Nationaux. C’est ainsi qu’elle mène, au sein du Parc National des Everglades où je l’ai rencontrée, un travail d’information et de sensibilisation sur les impacts du changement climatique. Elle présente les faits et interroge les visiteurs du parc sur leurs engagements concrets pour préserver cette wilderness dont ils jouissent en fréquentant ces espaces protégés. Où passe la frontière entre les animaux sauvages que l’on vient admirer et qui sont protégés et les animaux considérés comme des unités de production de viande ou de lait ? Pourquoi éprouvons-nous de l’admiration face à la force tranquille d’un alligator, de l’affection pour nos chiens et chats et une indifférence manifeste à l’égard de veaux, vaches, cochons, volailles ou « invasifs » ? Où passe la frontière entre l’animal mascotte proie et l’animal mascotte protégé à force d’être proie, dans la configuration des identités des groupes sociaux ?

Mérites du véganisme

Chacun à leur façon, Rane, Jasmine et Nicole justifient donc leur choix minoritaire et répondent assez facilement aux préjugés qui leur sont assénés : Rane par son pragmatisme – se nourrir autrement ne pose aucun problème et un régime végan n’est contradictoire ni avec les impératifs de performance et d’efficacité qu’impose le sport de haut niveau ni avec le bien-être de l’individu ; Jasmine, par son militantisme et son activisme, fait passer sa force de conviction et veut persuader l’opinion de la légitimité des droits animaux, cause qu’elle sait universalisable car non partisane et bien fondée affectivement ; Nicole répond par la raison et la science pour montrer que la Culture ne peut plus se constituer par arrachement à une Nature considérée comme extérieure mais par un soin qui exige de nous une relation de partenariat et d’équilibre telle qu’elle la construit au quotidien avec ses collègues dans le Parc des Everglades – que serait la Floride sans les Everglades ? Une telle question invite les visiteurs à prendre conscience que le changement climatique global qui atteint notre planète demande un changement des pratiques individuelles (et l’alimentation en fait partie !), en ce sens qu’un réchauffement accentué effacerait non seulement un écosystème unique (60% des Everglades seraient immergés par l’océan dans un scénario d’une montée des eaux d’un mètre) mais aussi une identité, donc, disons-le : un monde.

De mon côté, je reconnais trois grands mérites au véganisme :

  1. Il contribue à montrer l’inanité des pseudo-arguments diététiques qui assimilent encore régime sans produit animal à régime carencé. Ni les protéines, ni le calcium, ni le fer ne font défaut à une alimentation sans produits animaux. Le seul manque en apport nutritif semble concerner la vitamine B 12, qui nécessiterait certains compléments alimentaires. Or la prise d’un complément n’est aucunement l’apanage du régime végan. Nous considérons comme tout à fait « naturel » les prises ponctuelles de vitamine C, de magnésium, de vitamine D (parfois indispensable dans certains pays nordiques), etc. Sans parler de ces « cures » de cocktail énergisant et multivitaminé qui font un tabac en régime idéologique de performance, de « forme » et de bien-être. Pragmatiquement donc, comme me l’a montré Rane, rien d’ « extraordinaire » dans l’adoption d’un régime végan.
  1. Il permet de faire prendre conscience des conséquences de l’instrumentalisation de l’animal dans son cas paradigmatique, i.e. l’élevage industriel, comme dans ses cas secondaires : le divertissement avec des « shows » animaliers et son lot d’aliénation, de souffrances, de maltraitance et de cruauté. Le recours aux émotions, à l’affect, aux images culpabilisantes est alors une arme efficace dans la prise de conscience des problèmes. Et le combat pour faire changer ce système absurde me semble pleinement légitime.
  1. Il nous oblige à repenser nos rapports avec les animaux et avec l’animalité en général. Il est très clair chez ses « animal lovers », comme ils se définissent volontiers, que l’humain n’est pas un être supérieur. Il n’a pas, par exemple, une place unique dans la création, sous Dieu mais au-dessus de toutes les autres créatures, qui justifierait à elle seule la domination et l’exploitation des animaux. Il semble aussi que les végans n’aient aucun problème à se reconnaître comme membres d’une espèce animale, ayant une communauté de condition primordiale (l’animalité vivante) avec les autres animaux. Par conséquent les végans critiquent fondamentalement la soi-disant exclusion de l’humanité hors de l’animalité et son corollaire technique : l’instrumentalisation. En conséquence, ils revendiquent pour tous les animaux des droits – au premier rang desquels la liberté telle que définit par Hobbes dans le Léviathan : « Les mots de LIBERTY ou de FREEDOM désignent proprement l’absence d’opposition (j’entends par opposition : les obstacles extérieurs au mouvement), et peuvent être appliqués à des créatures sans raison, ou inanimées, aussi bien qu’aux créatures raisonnables. »1

Le véganisme est donc un exemple intéressant de la façon dont une question locale et particulière (principalement la façon de se nourrir) ouvre vers des questions politiques globales (quel système de production et de consommation ?) et plus profondément sur la mise en cause de tout un système normatif mettant en jeu la conception fondamentale de l’humain comme espèce supérieure au sein, voire hors, du règne animal. Le véganisme ne saurait donc se limiter à une diététique ou même à une éthique de « non-violence » intégrant les animaux comme agents moraux. Il amène de façon concrète à interroger ce qui fait une vie humaine et permet de construire un modèle dans lequel ce n’est pas notre exclusion de la nature ou notre sortie de l’animalité qui constituerait notre dignité proprement humaine.

Et vous, quelles réactions et quelles réflexions vous inspirent le véganisme ?

Damien

Notes :

1 : Thomas Hobbes, Léviathan, trad. F. Tricaud, Editions Sirey, 1971, p.221.

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7 réflexions sur “# A l’école : Aux élèves de Terminale S – Trois portraits du véganisme Américain : Rane, Jasmine et Nicole

  1. Je tenais tout d’abord à vous remercier pour cet article très intéressant qui m’a éclairé sur le véganisme.
    Toutefois je me pose quelques questions : je suis tout à fait d’accord avec le fait que les conditions d’élevage des animaux dans une agriculture intensive sont souvent complètement inadmissibles (je pense notamment à l’élevage en batterie). Mais le fait de ne plus consommer de produit animal ne signerait-il pas la fin de l’existence des animaux ? En effet, nous ne voyons plus de vaches ou de poules à l’état sauvage. Donc si nous arrêtions d’élever ces espèces, ne vont-elles pas disparaitre ? Une consommation bien plus raisonnée en viande en fonction de notre activité physique, voir un régime végétarien mais avec un apport de produits animal me semble une option pour garder ces espèce.
    L’élevage en batterie est la conséquence d’une surproduction de céréales. Le processus à commencer en 1936 où, pour écouler toute sa production de céréale, nous avons créé l’élevage en batterie. Aujourd’hui un tiers des céréales produites en France permet de satisfaire les besoins des animaux de ces élevages. Ce phénomène a ensuite permis à l’homme d’augmenter sa consommation en viande.
    Et je me pose une autre question. Etant fille d’exploitant en agriculture biologique je sais qu’il est souvent nécessaire d’enrichir la terre des champs cultivés avec du fumier (composé d’excréments d’animaux et de paille ou autre litière ainsi que de restes de végétaux). Cependant il est bien plus difficile d’équilibrer en carbone et en azote un fumier composé uniquement de végétaux qu’un fumier composé de paille, d’excréments d’animaux et de végétaux. (Le carbone et l’azote permettent une meilleure croissance des végétaux). C’est ainsi que la suppression de tout élevages d’animaux me parait compliquée pour garder à long terme une production maraichère avec de bons rendements et des produits de qualité. Il est bien évidement possible d’utiliser des produits chimiques pour enrichir les sols mais ceux-ci sont toxiques pour la terre et pour l’homme. Ils ne permettent pas d’assurer un développement durable. Ces produits chimiques sont interdits en agriculture biologique qui se veut plus respectueuse de l’environnement.

    1. Les deux questions renvoient en réalité au même problème du type de relations entre les hommes et les animaux d’élevage qui s’est développé en particulier dans l’agriculture, et selon une longue tradition, et qui semble remis en question par le véganisme. Le cas des composts à partir d’excréments animaux est un exemple de ces relations de compagnonnage qui semblent vertueuses.
      Je ne crois pas que l’on peut dire que la fin de l’élevage produirait la fin des animaux élevés. En fait, cet argument semble inverser l’effet et la cause. C’est parce qu’il y a eut domestication et élevage, et colonisation des habitats premiers de ces animaux par les humains que les ancêtres « sauvages » de nos poules et de nos vaches ont disparus presque complètement (du moins dans nos pays).
      Ce que tu vises encore une fois semble le type de relation entre les hommes et les animaux qui à travers une culture de l’élevage a « produit » historiquement certains animaux. Cet argument est donc, à mon sens une version de l’argument culturaliste.
      Ici je pense que les réponses des vegans pourraient différer : certains diraient que toute relation de domestication est imposition d’une autorité indue, réduction de la liberté et donc violence des humains sur les animaux. Mais la plupart prônent plutôt non pas une absence de relation avec les hommes mais une disparition des relations d’instrumentalisation et d’exploitation de sujets vivants à de simples objets de satisfaction des humains (ce type d’instrumentalisation étant largement majoritaire dans notre culture agricole même traditionnelle). Remarquez que les questions que l’on pose alors ne sont plus du tout les même land on considère les relations aux animaux dans un cadre moral : La question n’est plus seulement : à quoi servent les animaux ? Mais quelles relations sont justes pour que ces sujets soient respectés ?
      Par exemple, on ne se demande plus seulement : A quoi sert le chien de la ferme ? Mais, est-il juste qu’il soit attaché, dehors et privé de relations sociales ?

  2. Bonjour, tout d’abord j espère que votre « aventure » se passe bien et vous souhaite pleins de réussite pour la suite. Ayant lu attentivement votre article, plusieurs points me posent problème : dans un premier temps lorsque vous parlez de Jasmine sur son combat contre la maltraitance animale, je reconnais que certaines pratiques sont très limites voir inacceptables dans les exemples données notamment sur le dressage; cependant je tiens à dire que la majeur partie des pratiques de dressage utilisé ne sont absolument pas violente : regardez par exemple le dressage de chevaux en Camargue ou encore les maîtres de chiens de trainaux qui sont des animaux qui ne peuvent pas être bien dressés avec violence. Pour reprendre l’exemple du cirque, le dressage de fauve ne peut non plus être effectué avec violence comme exprimé dans le texte. De plus vous traitez l’arrêt de l’exploitation animale défendu par les vegans donc l’arrêt de toutes activités et metiers liés à l’exploitation animale; certes cela représente une forte consommation énergétique et engendre une pollution excessive. Mais est-ce que les vegans pensent aux conséquences économiques qui vont s’abbatre sur la population si nous supprimons ces métiers ? Il ne faut pas oublier que ces pratiques représentent des millions de personnes ! Donc des millions de chômeurs en plus à qui il faudrait financer une reconversion professionnelle : Étant en temps de crise je pense qu’aucun pays ne serait capable d’assumer cette réforme qui coûte beaucoup trop chère, de plus la réduction de consommation de viande n’est pas non plus une solution car on revient sur la perte d’emplois. Merci, en attendant la suite de votre reflexion

    1. Bonjour Orlando,

      Je ne suis pas compétent sur les techniques de « dressage » en général mais l’intérêt du véganisme est d’interroger non seulement la violence de ces pratiques mais plus fondamentalement ce qui sous-tend ce concept de « dressage ». Cela peut-il signifier autre chose qu’une domination de l’homme sur l’animal, une mise en spectacle de la supériorité de l’intelligence humaine sur la force sauvage, l’idée que l’animal peut-être « amélioré » par un apprentissage commandé par les humains ? C’est cette instrumentalisation des animaux au profit d’une satisfaction anthropocentrée pseudo-divertissante qui est le cœur de la condamnation de ces pratiques chez les vegans.
      Quand à l’argument économique, il est d’une part partial, d’autre part en grande partie faux. Partial parce que la production massive de viande dans le modèle néolibéral est elle aussi responsable de nombreuses destructions en termes d’emplois, de santé, d’écosystèmes. En partie fausse, parce qu’il ne considère pas l’économie comme système dynamique qui se reconfigure sans cesse. Le changement de pratique entrainerait sans doute une transformation de certains emplois vers d’autres emplois et d’autres pratiques. De façon générale, on ne peut brandir l’argument économique sans préciser quelles pratiques et quelles système d’échanges est considéré. Pensez-vous que l’on peut défendre comme valeur en soi, l’organisation qui exploite des ouvriers dans des conditions de travaillent déplorables, au sein de fermes-usines où s’entassent des milliers d’animaux réduits à des « kilos potentiels » de viande ?

  3. Il reste encore deux arguments en faveur veganisme qui n’ont les été évoqués. L’écologie et comment nourrir le monde.
    La production de viande est très polluante, il faut produire leurs aliments, les acheminer cela produit de grandes quantités de CO2. De plus ces animaux rejettent eux même beaucoup de gaz à effet de serre notamment les ruminants.

    On ne peut pas non plus nourrir toute la planet de viande. Sa production n’est pas assez rentable quantitativement, il faut environ 10 kg de matière végétale pour produire 1kg de matière animale.

    Une réduction de notre consommation de viande serait à envisager sans pour autant en arriver à ne plus en consommer du tout.

    1. Les arguments écologiques sont les premiers qui apparaissent pour défendre le véganisme.
      Quand à l’argument de la sécurité alimentaire, il suppose d’interroger non seulement la quantité de nourriture produite mais aussi tout le système du mode de production, d’échanges, de commercialisation, de fixation des prix des aliments.
      Pour nourrir votre réflexion : http://unctad.org/en/pages/PublicationWebflyer.aspx?publicationid=666

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