# A l’école : Réponse des T.S. – Que pense-t-on du végétarisme et du véganisme au pays des diots ?

La lecture de votre article sur le véganisme a été pour nous l’occasion de discuter en classe des rapports que nous entretenons avec les « autres animaux », et en particulier de notre alimentation. L’idée même de considérer les animaux que nous possédons, que nous mangeons, que nous élevons, que nous tuons, etc. comme des « autres » peut sembler étrange, comme si nos usages étaient une évidence, et reposaient sur une distinction claire et légitimant nos pratiques.

Manger des animaux ? « c’est naturel », « c’est comme ça », « c’est nécessaire pour notre santé, ou encore pour l’environnement », « une vache n’est pas plus utile qu’une courgette, autant la manger ! »

Renoncer à toute utilisation de l’animal, même lorsqu’elle n’engendre pas de souffrances ? « Quelle drôle d’idée ! »

Cesser de manger des animaux semblait donc spontanément n’être ni un devoir, ni même une possibilité, quant au véganisme, encore une lubie d’illuminés fanatiques, donc excessifs…

Doit-on cesser de manger des animaux ?

Nous avons donc ouvert une discussion sur la question suivante : « Doit-on cesser de manger des animaux ? ». Entre considérations scientifiques (sur les besoins de l’homme, son évolution, ou encore sur la conscience et la sensibilité animale) et considérations éthiques, justifications de notre mode de vie et tentatives de remise en question, nos points de vue sont souvent restés divergents…

  • L’argument de la SANTÉ :

La question n’est pas « doit-on ? », mais « peut-on ? ». Un régime végétarien ne serait pas approprié pour l’homme, et serait donc synonyme de carences. Une alimentation diversifiée est nécessaire.

Mais manger de la viande, est-ce suffisant pour avoir une alimentation équilibrée ? Et « diversifier » son alimentation, cela signifie-t-il manger « de tout » ? Il est possible de trouver tous les apports nutritifs dans d’autres aliments (y compris des protéines !), même si les protéines végétales doivent être consommées en plus grande quantité pour un même apport en AAE. La seule carence resterait une carence en vitamine B12.

Les végans ont-ils alors besoin de compléments alimentaires ? Est-ce cohérent de remplacer une source naturelle de vitamines par des compléments issus d’une production industrielle ?

Par ailleurs, le dernier rapport de l’OMS souligne au contraire le caractère cancérigène de la consommation de viande rouge… La consommation de viande ne serait pas seulement superflue, mais aussi potentiellement néfaste.

Ces études scientifiques sont-elles fiables ? Comment détermine-t-on scientifiquement les besoins du corps humain et les risques inhérents à la consommation de viande ? Le recours aux études scientifiques s’accompagne souvent d’un scepticisme… légitime ? ou seulement bien commode ?

  • L’argument de la NATURE :

« C’est comme ça » L’homme fait partie de la chaîne alimentaire. Les animaux se mangent entre eux, pourquoi pas nous ? Manger de la viande semble bien être un comportement naturel de l’homme.

Le végétarisme est-il « contre-nature » ? Est-ce seulement un « caprice » de choisir de ne pas manger de viande ? Le luxe n’est-il pas au contraire de pouvoir consommer de la viande quotidiennement ? Le « naturel » masque peut-être finalement seulement une culture, finalement assez récente.

Quant à l’évolution naturelle de l’homo sapiens, ne repose-t-elle pas sur l’alimentation carnée ? Cet homme préhistorique carnivore mangeant de la viande crue à pleine dent, est-ce un modèle ou un mythe ? L’homo sapiens était un chasseur-cueilleur, et il semblerait que son régime ait varié en fonction des époques et des climats, difficile alors de prendre la « nature » comme norme de notre alimentation.

L’hypothèse selon laquelle l’augmentation du volume de notre cerveau a été permise par la consommation de viande a aussi été évoquée. Le métabolisme particulièrement efficace de l’homme est-il dépendant de la consommation de viande ? Ou est-ce la cuisson de la viande qui aurait permis une diminution du volume de l’estomac ? D’autre part, cette étape de notre évolution permet-elle de fixer nos besoins et nos normes actuelles ?

On voit donc que l’idée de prendre la nature comme norme n’est pas sans difficulté…

Des conséquences indirectes

  • La régulation des populations animales sauvages est nécessaire : la surpopulation des animaux qui ne sont plus chassés a des conséquences néfastes (maladies, nuisances pour les habitations, les troupeaux, les axes routiers…), pour l’homme et pour l’environnement.

Cependant, les élevages liés à une alimentation carnée ne causent-ils pas davantage de dérèglements des écosystèmes ? L’homme est-il vraiment à l’hauteur de sa prétention régulatrice ? Ce questionnement n’est pas sans faire écho à une réflexion sur les espèces invasives…

  • Nos choix alimentaires ont des conséquences économiques et sociales : le végétarisme et a fortiori le véganisme conduiraient nécessairement à des suppressions d’emplois. Le bien-être animal est-il supérieur aux problèmes sociaux et économiques ?

Tout comme la transition énergétique, on peut tout à fait imaginer que le changement de nos modes de consommation conduiraient à la création de nouveaux emplois. De plus, ces conséquences sont-elles suffisantes pour justifier tout type de comportements ? L’interdiction de l’esclavage ou du travail des enfants a aussi des conséquences sociales et économiques qui, pour autant, ne suffisent pas à légitimer de telles pratiques.

  • L’argument incontournable : le goût ! Le plaisir gustatif n’est-il pas un argument suffisant ?

Le goût est-il un critère suffisant ? On ne mange pas par exemple de viande humaine, ou nos animaux domestiques, est-ce pour des questions de santé ? de goût ? ou le signe que quelque chose d’autre se joue dans nos choix alimentaires ?

D’autre part, nous constatons facilement que nos goûts sont culturels et produits par des habitudes. Habitudes qu’il est donc possible de perdre, et qui ne suppriment pas notre possibilité de faire des choix selon d’autres critères.

Derrière la question de l’alimentation, la question plus générale de la considération de l’animal :

Doit-on cesser de les manger, ou de les tuer, ou de les faire souffrir ?

Qu’est-ce qui nous pose problème ?

  • La question de la conscience et de la sensibilité des animaux :

De quoi l’animal a-t-il conscience ? Le combat des défenseurs des animaux n’est-il pas exagéré ? Les animaux n’ont pas le temps de réaliser ce qui va leur arriver, et le degré de conscience des animaux semblent aux yeux de certains assez proche du végétal…

Pourtant, nos comportements et nos pratiques culinaires révèlent que nous avons bien conscience de la conscience de l’animal : on sait par exemple que le stress de la mort à venir favorise la production de toxines rendant la viande indigeste, et qu’il est nécessaire de cuire un homard ou des écrevisses vivant(e)s pour la qualité de la chair produite par le stress ! N’est-ce pas le signe que la conscience de l’animal modifie son état physique ?

Les études scientifiques des degrés de sensibilité et de conscience chez les différentes espèces vivantes apportent des éléments de réflexion intéressants (cf. Marche des sciences).

Sans même avoir besoin d’études, nous sommes naturellement sensibles à la souffrance d’autres êtres vivants : peut-on encore douter de la sensibilité des animaux lorsqu’on les côtoie ?

  • Conditions de mort et conditions de vie :

Un étourdissement ou une mort rapide suffisent-ils à rendre acceptable l’élevage des animaux ? Les conditions de vie semblent aussi importer, tout comme le circuit qui mène l’animal à la mort.

Et si on élève des animaux dans de très bonnes conditions, et qu’on les tue sans douleur, est-ce encore problématique de manger des animaux ? La distinction entre la question de l’alimentation et celle de la souffrance n’est pas si simple, car ces deux problèmes ne sont pas indépendants : si les animaux étaient élevés dans des conditions respectueuses de leur bien-être, il serait impossible de manger de la viande comme on le fait aujourd’hui en France. D’où la nécessité de repenser notre consommation.

  • De l’utilité de l’animal et de sa souffrance…

Pourquoi ne pas tuer des animaux inutiles ou devenus inutiles ? La question de la valeur de l’animal est donc posée : la valeur d’un être vivant se définit-elle par rapport à son utilité pour l’homme ?

Et même au delà de l’utilité, on constate que l’on détruit ou que l’on fait souffrir certains animaux juste pour le plaisir ! Le divertissement est-il une justification à la maltraitance des animaux ? Si on retient le critère de l’utilité pour l’homme comme justification de l’exploitation de l’animal (voire de sa souffrance), peut-on s’accorder sur le caractère inadmissible d’un mauvais traitement de l’animal sans aucune utilité ? Enfin un consensus (!!) sur la suppression des souffrances inutiles, même si le débat a été déplacé sur la détermination du critère de l’utile…

  • Au delà d’un choix alimentaire : le véganisme.

Il nous restait finalement peu de temps pour aborder le véganisme. Trois questions ont émergé spontanément :

→ Retour des préoccupations diététiques, accompagnées d’un certain scepticisme : quel recul a-t-on sur ce mode de vie ?  à long terme ? pour des personnes ayant des activités physiques importantes ?

→ Comment vivent les végans ? La difficulté d’envisager la suppression de toute exploitation animale révèle une prise de conscience de l’omniprésence de l’exploitation animale dans notre mode de vie quotidien… Est-elle indépassable ?

→ Avez-vous fait ce choix ?

Les Terminale S, Lycée Monge, Chambéry

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