# Ecotopie : Cardo’s Farm, ferme urbaine au cœur de Denton où l’on rencontre l’ « Environnemental field philosophy » !

Giovanni m’a parlé d’une ferme urbaine au cœur de Denton dans laquelle travaille une ancienne étudiante du département de philosophie environnementale de l’UNT. Nous avons rendez-vous le matin. La ferme est à 10 minutes à vélo du campus. Après quelques jours de pluie, le soleil est revenu et la lumière printanière brille dans les chênes bourgeonnant. Un magnifique Berger des Pyrénées vient à ma rencontre. Bienvenu à Cardo’s farm.

En réalité, le plus intéressant de la ferme sera la rencontre avec Rachel Weaver, notamment parce qu’elle incarne ce que peut produire l’exigence d’une philosophie environnementale de terrain (l’« environnemental field philosophy » développée à l’UNT) dans un équilibre entre théorie, pratique et engagement politique.

Cardo’s Farm, un projet de ferme urbaine en transition

Cardo farm Rachel PortraitRachel commence par me faire visiter le terrain en me racontant l’histoire de cette ferme. Le projet a été initié il y a 5 ans par Amanda et Dain. Ils étaient à l’extérieur de Denton avant de trouver ce terrain à proximité des consommateurs et du centre culturel de Denton. La ferme fonctionnait jusqu’à l’année dernière grâce à la vente sur des marchés de proximité et grâce au CSA (Community Supported Agriculture) qui permettait de stabiliser les entrées d’argent. Amanda travaillait avec Rachel et une autre fermière qui étaient alors rémunérées. Dain est maintenant à New York et Amanda a laissé de côté la ferme. Elle a pris un boulot à plein temps dans un marché local. Elle cultive des fleurs dans ses serres et tente de développer une activité dans l’événementiel autour de ses fleurs. Rachel et sa collègue ont chacune repris une partie des terres, qu’elles louent à Amanda, pour continuer le projet sous d’autres formes.

La collègue de Rachel voudrait développer une agriculture de niche, en produisant des légumes de haute qualité proposés directement aux restaurants gastronomiques de Denton.

Le projet de Rachel est avant tout social. Elle produit des légumes pour un restaurant associatif, Dorothy’s Kitchen, essentiellement porté par des membres des catholic workers (un mouvement anarchiste chrétien prônant une révolution non-violente sur le modèle du Christ !) et qui se veut un lieu d’accueil et de partage d’une nourriture de qualité pour tous. Le principe est : prix libre ou aide à faire la vaisselle contre nourriture bio et locale, cuisinée sans friture ! Rachel n’est pas catholique elle-même mais elle aime ce partage, l’implication de classes non-bourgeoises dans un accès à la nourriture de qualité et la convivialité ouverte qu’arrive à produire ces chrétiens de gauche (quasiment un oxymore aux États-Unis !). Sur sa parcelle des oignons, des haricots, des kales, des betteraves et des carottes ont gouté la pluie et vont profiter du printemps.

En réalité Rachel est très détendue dans sa production de légumes parce qu’un trépied d’activités lui permet de se financer par ailleurs. C’est ce trépied qui m’a semblé très intéressant.

Rachel a en effet trois métiers. Elle enseigne la philosophie à l’université de Fort Worth. Ce sont des cours d’introduction à la philosophie pour un public moins favorisé qu’à Denton. La plupart sont des vétérans de l’US Army, des techniciens et des élèves infirmiers. Mais le sérieux et la participation n’ont rien à envier aux fils à papa de Denton précise-t-elle. Elle introduit aussi les problématiques environnementales mais aimerait bien en faire le cœur de son initiation à la philosophie. Cela doit être possible !

Elle est aussi jardinière pour la mairie de Denton. Elle s’occupe d’un jardin éducatif dans un parc à côté d’une voie verte. Elle apprécie la liberté qu’on lui laisse de développer son jardin comme bon lui semble. Elle fait des essais sur des sélections de graines et des espèces anciennes et produit aussi quelques légumes pour le restaurant participatif. Elle accueille des classes qui viennent découvrir faune et flore sur le terrain !

Le reste du temps, elle jardine à Cardo’s farm. Elle a fait son Master avec Ricardo Rozzi, et elle me dit que son expérience de jardinière bio était toujours la porte d’entrée vers les problèmes théoriques, ses objets d’études et de publication. Je lui demande comment elle pense son rapport entre l’action locale et les problèmes globaux. Elle répond que les compétences qu’elle a développées comme jardinière peuvent être vues comme une assurance potentielle à une véritable crise. S’il n’y a plus de pétrole et plus de nourriture dans les supermarchés, elle saura ce qu’elle considère être un savoir fondamental qui devrait être partagé par tous : produire des légumes. Ensuite, elle trouve une satisfaction immédiate dans la consommation et le partage auprès de populations populaires de légumes de qualité. Il y a de la fierté quand on reconnait dans un bon plat le fruit de son travail de la terre. Jardinière le matin, professeure de philosophie l’après-midi, activiste écolo-sociale le soir. Un exemple de ce que peut produire la volonté du département de l’UNT d’appliquer la philosophie environnementale pour en faire « une philosophie de terrain ». Un exemple aussi de l’idée d’infiltrer la société de réflexion philosophique pour faire face aux défis environnementaux. Super-Rachel !

Damien

T. Brunet !

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