# Nuit, fatigue, solitude

Je traverse le Texas. Hier à Witchia falls, j’ai mal dormi. Parce que l’autoroute était proche, parce que je n’étais pas sûr de ne pas me faire déloger du parc où j’avais planté la tente, parce que le vent soufflait fort.

Alors, cette journée qui devait être facilitée par un vent favorable s’est muée en épreuve. Le corps était à la fois endolori et endormi au matin. La petite route 267 me menait en terrain vallonné entre les champs de gaz de schistes. Quand arriva midi, j’arrivai à Electra, bourgade pétrolifère où des gueules patibulaires, leurs habits de travail couverts de pétrole, venaient acheter leur burger. J’ai tenté de me nourrir, barres de céréales, bananes et boissons sucrées. La pause était profitable mais le vent glacial. C’est surtout la perspective de mon objectif à 80 miles qui m’inquiétait. Je croyais avoir avancé. Je n’avais parcouru que 30 miles en 2h30.

Ce n’est pas que je fais la course contre la montre, mais le vent d’Est m’a rendu ambitieux. Et la dernière bourgade avant mon objectif est 30 miles en avance. Trop près donc. Alors j’avance. Mais toujours sur un fond de torpeur qui ne me quitte pas. Il est bientôt l’heure de la sieste et mon corps fatigué me joue des tours. La tête cogne, le ventre semble creux mais l’appétit n’est pas là. En même temps, le vent me pousse et le rythme est plutôt bon. Lorsque je fais la pause de 13h45, il me reste plus de 50 miles. La moitié en somme ! Et 80 km après la sieste quand on est seul et fatigué semblent une bien longue bavante !

Bien sûr, il y a des soubresauts, des relances, des énièmes souffles, mais sur corps fatigué, l’esprit se disperse. La convivialité de Denton me manque. J’ai des pensées obsessionnelles de mes amis en France. Il faut dire aussi que le Texas joue son rôle de mise à l’épreuve avec ses plaines à perte de vue. Il faut dire aussi que je suis sur une sorte d’autoroute. Le bas côté est large, mais le traffic fatigue et l’air empeste. Mes genoux douloureux ce matin semblent laisser la place aux irritations de la selle.

À force de ruses, de concentration sur la respiration, de faux objectifs impropres à m’accueillir, j’atteins finalement Childress. Un parc magnifique m’attend. Je me paye un riz aux légumes au restaurant chinois du coin. L’effort a été considérable. La récompense sera cette nuit de repos, que j’espère enfin bon pour me permettre de continuer la progression vers le Nouveau-Mexique. Demain, direction le Mid-Ouest !

Damien

A Cg73 !

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10 réflexions sur “# Nuit, fatigue, solitude

  1. Courage Damien ! Tu as un projet formidable et tu as fait déjà une belle route ! Ne lâche rien 🙂 Que la force soit avec toi.

    1. Quand le pouvoir, pour reprendre l’expression de Luc Ferry, se met à « courir dans un champ de râteaux », faute d’avoir mis les voeux de tous avant sa charrue, il est bon de constater que le sillon de Damien au Texas fait du bien à plus d’une classe.

  2. Courage Damien, si tu savais la joie que j’ai à te lire et à suivre ton parcours. Cela me change de mon quotidien.
    Grâce à toi je redécouvre la philo sous une autre forme, je fais des rencontres extraordinaires, je voyage par la pensée en suivant ton périple et j’apprends tellement. Tes photos sont magnifiques.
    Un grand merci pour ce partage quotidien.
    Chantal

  3. Yeah ! You can do it man ! Better then that : you are just doing it ! Un kilomètre après l’autre le chemin se déploie avec tous ses inconnus. L’intensité te porte, sans même que ta volonté n’y puisse quelque chose.
    Happy and proud to know you and to hear about your destiny!
    With love,

  4. Une petite pensée de Suisse qui je l’espère t’arrivera sous forme de brise, chaleureuse et bienveillante, pour t’aider à traverser les épreuves de ton incroyable périple. Tout de bon, comme on dit chez nous ! Au plaisir de te lire.

  5. Salut damien,
    Foute-toi de ça, t’es un KILLERS, tous ces sportifs pourrai prendre exemple sur toi, cline dans ta tête et sain dans ton corps, tu n’epas seul on est là, ( bien sur c’est toi qui pédale d’accord)
    On t’attend dans la yaute

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