2 réflexions sur “# La Carte Postale : Weber (II)”
Il nous faut inventer de nouveaux concepts pour penser la rupture avec ce mode de vie si ancré dans nos têtes. Il nous faut aussi les mettre en oeuvre de manières multiples puisque les gens et les lieux diffèrent….. L’idée de mondialisation elle-même est ravageuse. La dé-mondialisation est nécessaire dans nos têtes pour que nous parvenions à construire des représentations efficientes à travers nos actes. Le futur ne manque pas d’avenir.
La possibilité d’un libre accès à l’avenir, de l’ouverture du temps n’est en effet pas exclue dans les lignes qui suivent ce texte – malgré le pessimisme du final, le pessimisme de la philosophie weberienne :
« Baxter souhaitait que le souci des biens matériels ne pesât sur les épaules de ses saints que comme « un fin manteau que l’on peut enlever à tout instant ». Mais le destin voulut que ce manteau devienne une chape d’acier. A partir du moment où l’ascèse entreprit de transformer le monde et d’agir dans le monde, les biens matériels de ce monde acquirent sur l’homme un pouvoir croissant et finalement inéluctable, comme on n’en avait jamais connu auparavant dans l’histoire. Aujourd’hui, l’esprit ascétique n’habite plus cette chape. – Est-ce définitif ? Comment le savoir ? Le capitalisme victorieux n’a en tout cas plus besoin de ce soutien depuis qu’il possède une base mécanique […] et l’idée du « devoir professionnel » erre dans notre vie comme un fantôme des croyances religieuses d’autrefois. Dès lors que l’ « exercice du métier » ne peut pas être directement mis en relation avec les valeurs spirituelles suprêmes de la civilisation – et que, à l’inverse, il peut ne pas être éprouvé subjectivement comme une simple contrainte économique -, l’individu renonce généralement aujourd’hui à lui donner un sens. […] Nul ne sait plus qui va habiter ce carcan et si nous connaîtrons, au terme de cette terrible évolution, des prophètes entièrement nouveaux ou une puissante renaissance de conceptions anciennes et d’idéaux du passé, ou – si aucune de ces deux hypothèses ne se vérifie – une pétrification mécanisée, drapée dans une sorte de suffisance maladive. Dans ce cas, au terme de cette évolution culturelle, les « derniers hommes » pourraient vérifier cette prédiction : « Spécialistes sans esprit, jouisseurs sans cœur : ce néant imagine avoir accédé à un stade de l’humanité jamais atteint auparavant. » »
Un siècle nous sépare maintenant de ces lignes – mais ces trois hypothèses ne cessent d’être scrutées…
Il nous faut inventer de nouveaux concepts pour penser la rupture avec ce mode de vie si ancré dans nos têtes. Il nous faut aussi les mettre en oeuvre de manières multiples puisque les gens et les lieux diffèrent….. L’idée de mondialisation elle-même est ravageuse. La dé-mondialisation est nécessaire dans nos têtes pour que nous parvenions à construire des représentations efficientes à travers nos actes. Le futur ne manque pas d’avenir.
La possibilité d’un libre accès à l’avenir, de l’ouverture du temps n’est en effet pas exclue dans les lignes qui suivent ce texte – malgré le pessimisme du final, le pessimisme de la philosophie weberienne :
« Baxter souhaitait que le souci des biens matériels ne pesât sur les épaules de ses saints que comme « un fin manteau que l’on peut enlever à tout instant ». Mais le destin voulut que ce manteau devienne une chape d’acier. A partir du moment où l’ascèse entreprit de transformer le monde et d’agir dans le monde, les biens matériels de ce monde acquirent sur l’homme un pouvoir croissant et finalement inéluctable, comme on n’en avait jamais connu auparavant dans l’histoire. Aujourd’hui, l’esprit ascétique n’habite plus cette chape. – Est-ce définitif ? Comment le savoir ? Le capitalisme victorieux n’a en tout cas plus besoin de ce soutien depuis qu’il possède une base mécanique […] et l’idée du « devoir professionnel » erre dans notre vie comme un fantôme des croyances religieuses d’autrefois. Dès lors que l’ « exercice du métier » ne peut pas être directement mis en relation avec les valeurs spirituelles suprêmes de la civilisation – et que, à l’inverse, il peut ne pas être éprouvé subjectivement comme une simple contrainte économique -, l’individu renonce généralement aujourd’hui à lui donner un sens. […] Nul ne sait plus qui va habiter ce carcan et si nous connaîtrons, au terme de cette terrible évolution, des prophètes entièrement nouveaux ou une puissante renaissance de conceptions anciennes et d’idéaux du passé, ou – si aucune de ces deux hypothèses ne se vérifie – une pétrification mécanisée, drapée dans une sorte de suffisance maladive. Dans ce cas, au terme de cette évolution culturelle, les « derniers hommes » pourraient vérifier cette prédiction : « Spécialistes sans esprit, jouisseurs sans cœur : ce néant imagine avoir accédé à un stade de l’humanité jamais atteint auparavant. » »
Un siècle nous sépare maintenant de ces lignes – mais ces trois hypothèses ne cessent d’être scrutées…