Première journée dans le Colorado. La route sillonne des vallées vertes et accidentées, partout à l’horizon des montagnes enneigées. Il n’y a que quelques fermes qui marquent la présence humaine. Le charme bucolique de ces vallées me rappelle la Suisse, vertes car humides et bien fraiches en ce début d’avril.
J’ai une douleur nouvelle au genou gauche, sans doute une tendinite contractée pendant la tempête de neige. J’assouplis donc le mouvement pour solliciter le moins possible le ménisque et la rotule. Je sais que la journée est courte et j’espère que cela suffira à ne pas empirer la douleur.
Vers 13h, j’arrive à Pagosa Springs, une station thermale nichée au cœur d’une vallée traversée par la Navajo River. Le centre d’information pour visiteurs me permet de recharger téléphone et bidons. Les sources chaudes sont payantes, mais suivant les conseils de Carrie, je trouve une évacuation des eaux des thermes qui fait à merveille office de bains publics ! J’y côtoie deux voyageurs un peu perdus, l’un à la recherche d’une propriété, l’autre à la recherche de lui-même, bienveillant, réfléchi, mais étonnement prisonnier d’une théorie complotiste et d’une revendication anticonformiste… Il est ravi d’avoir un philosophe comme interlocuteur attentif à sa perception pessimiste et « énergétique » des USA. Il a fait du stop depuis Phoenix et cherche maintenant du travail pour continuer…poète, voyageur, vagabond.
Je reprends la route ragaillardi. L’alternance eau chaude minéralisée, eau froide du torrent a calmé mon genou. La route se fait descendante.
J’entre sur la réserve des indiens Utes du Sud. J’ai repéré au centre d’informations un camping qui n’est pas encore ouvert, près d’un lac, à quelques kilomètres de la montagne sacrée : Chimney Rock National Monument, deux tours rocheuses dominant l’horizon vallonné. La lumière du couchant m’a happé dans sa convocation à voir. J’ai joué avec mes outils à capter les couleurs, les reflets et l’organisation de l’espace.
Ce soir, le sol est humide et boueux mais la clandestinité pour une fois offre la tranquillité. Mes seuls compagnons sont les oies sauvages, un troupeau d’élans au loin, des carpes sautant dans la retenue d’eau, et maintenant le chant des chouettes et des coyotes. Espérons qu’il n’y aura pas Ute énervé pour venir me réveiller !
Damien












Cher ami
Dear friend
J’ai suivi ton voyage impressionant avec grand intérêt.
I followed your extraordinary journey with rapt attention.
Je me rejouis de te revoir en « Suisse original » en bon état physique (genoux) et avec une tête plain d’impressions d’une voyage de vie.
I’m looking forward meeting you in « big Switzerland » in good physical conditions (knee) and with your head full of impressions of a lifetime journey.
Ton ami, Andi