# Ecotopie : Grow Dat Youth Farm – Une ferme urbaine pour la justice alimentaire

Grow Dat Youth Farm est une ferme urbaine de 7 acres, cultivant des légumes biologiques sur 2 acres dans le City Park de l’université de Tulane, au Nord de la Nouvelle Orléans. Fondée il y a 6 ans par Johanna Gilligan, cette organisation à but non lucratif emploie actuellement 12 personnes et permet à 40 élèves de 15 à 21 ans de s’engager dans un programme d’éducation sociale. De nombreux volontaires viennent travailler bénévolement à la ferme.

Les activités

La ferme récolte prêt de 9 tonnes de légumes, dont 70 % sont vendus sur des marchés locaux, via le CSA (Community Supported agriculture, la version américaine des AMAP françaises) et les 30 % restants sont des dons vers des associations d’aides aux populations pauvres.  La production de légumes bios est associée à un programme d’éducation ayant pour finalité le développement de « leaders skill » (i.e. des compétences pour devenir une force motrice de sa communauté dans le combat contre les injustices). Les élèves sont rémunérés pour leur participation au travail maraîcher et à la vente des produits sur les marchés locaux.

Cette écotopie remplit donc une mission à la fois sociale (l’éducation de leaders dans l’émancipation des populations défavorisées par la question de la justice alimentaire (food justice)), économique (développement des réseaux d’alimentation de proximité) et environnementale : développer une agriculture respectueuse de la terre et de meilleure qualité que dans l’agriculture industrielle, ne pas aggraver le problème de la Dead Zone, une zone morte du fait de la concentration excessive de phosphates au niveau de l’arrivée des eaux du Mississippi dans le Golfe du Mexique !

Mon expérience de bénévolat

J’ai été invité à participer à une récolte comme bénévole. J’ai ainsi pu rencontrer 3 membres de l’équipe des fermiers de Grow Dat : Leo, Sarah et Randolph.

Leo est professeur en histoire sociale et sociologue engagé en Amérique du sud dans la dénonciation des effets désastreux des traités de libre-échange. Depuis 6 ans, il est le fermier chef de Grow Dat ! Son « assistante », Sarah, est une spécialiste dans les plantes médicinales et s’intéresse en outre à la naturopathie. Randolph est employé depuis quelques mois. Il m’est apparu une figure très intéressante de ces leaders afro-américains qui prolongent aujourd’hui la lutte pour les droits civiques. Diplômé d’un Bachelor de philosophie à l’Université Columbia, il connait tous les auteurs de la pensée révolutionnaire et postcoloniale (Marx, Gramsci, Fanon, Césaire, Senghor, Glissant…). Son engagement dans la question alimentaire est personnel (il a perdu 30 kg !) mais surtout politique (l’injustice sociale se marque d’abord dans une inégalité d’accès à la nourriture de qualité et aux connaissances culinaires et diététiques nécessaires pour échapper à l’obésité et à la junk food !). Son action politique est proliférante : il est en train de créer la Black food justice alliance : un mouvement qui se bat contre le rachat des terres agricoles par quelques grandes firmes d’agro-business, au détriment des fermiers noirs. Il tente donc de fédérer un mouvement des paysans sans terre aux USA. L’organisation est régulièrement en concertation avec le MST, Movimento dos Trabalhadores rurais sem Terra (Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre) du Brésil. Il milite également au sein du Black youth project 100 pour l’émancipation des populations afro-américaines notamment à partir de la problématique de l’accès à la nourriture.

Mes collègues bénévoles

Rosie est Song-writer et vendeuse dans une boutique de gift shop pour gagner sa croûte. Elle vient ici pour développer ses compétences en jardinage en vue d’une possible reconversion dans l’alimentation bio de proximité. John est là parce qu’on l’a envoyé faire du bénévolat pour valider son diplôme universitaire. Lui n’a pas de conscience politique des questions alimentaires. Son expérience de bénévolat n’a rien changé pour lui, ni dans sa façon de consommer de la nourriture, ni dans sa façon d’appréhender le rapport avec la nature me dit-il. Il semble trouver la viande de synthèse formidable…

Nous avons ramassé des bouquets de kale et de chard pour les paniers du CSA et pour une association caritative. Avant et après la tâche, Leo a pris soin de nous briefer, avec toujours le soin de mobiliser et de valoriser les interlocuteurs. C’est rodé, les légumes sont magnifiques, et l’équipe efficace. Le lendemain, les bénéficiaires du programme éducatif avaient leur jour de travail. Il y avait encore à récolter, puis l’heure était aux plantations pour le printemps… Programmer, anticiper, tuiler les cultures, ou comment apprendre à respecter la nature en devenant un leader de l’émancipation sociale et politique de sa communauté. Une écotopie sociale et solidaire !

Damien

Jriton !

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