Lors de notre correspondance en amont du projet, j’avais pour habitude d’envoyer à Damien quelques citations, qu’elles soient recueillies au fil de mes lectures ou puisées à même ma mémoire. C’était là une façon de lui donner des grains de pensée à moudre dans l’approfondissement de la problématique qui est la sienne – celle de « nos rapports AVEC la nature » – et d’alimenter notre discussion. Pour moi, qui ne connaissais absolument rien à « la philosophie de l’environnement » – et qui n’y connais toujours pas grand-chose – c’était aussi une manière de tisser un réseau de « correspondances », de relier ce problème aux mots de ceux qui l’ont toujours éprouvé, bien en amont, en deçà, au-delà ou en marge de la constitution d’une « philosophie environnementale » ou du souci « écologique » : poètes, penseurs, philosophes, romanciers, peintres… En portant la parole de ceux qui, depuis toujours, ont jugé que l’intime rapport de l’homme à la nature était chose essentielle et fondamentale, j’apportais mon regard.

Mardi 12, jour de départ, je passais donc quelques paroles rimbaldiennes à Damien – Rimbaud est un excellent compagnon de « voyage ». En transit à Paris, il me dit : Il faut absolument partager ces pépites. C’est une collaboration. Il faut imaginer ça, une façon de partager. Damien. Le grand partage.

J’ai saisi le « il faut » : c’est nécessaire et cela manque. J’ai « imaginé ». Aussi lui enverrai-je maintenant ces « pépites » par cartes postales. Je les lui posterai ici et via Facebook, sur le fil du projet Untaking. Le terme « post », ce pauvre anglicisme, retrouvera un sens auprès du français. Chacun à part soi pourra se saisir de ces paroles, chacun pourra poster, en commentaire et en résonnance au problème qui occupe Damien, sa carte postale. Correspondances. Ce qui est beau et bien dans le concept de carte postale, c’est qu’il est gros de sens comme de contresens.

La correspondance est ouverte. Une carte postale n’a pas d’enveloppe.

Aurélien

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