# Vidéo : Dernière ligne droite, à poil…

Je suis arrivé à Portland pour la World Naked Bike Ride. L’occasion était trop belle. J’ai adopté les coutumes locales. J’ai plongé joyeusement dans le flot de cyclistes dénudés.

En 2004, ils étaient 125 activistes décidant de mobiliser l’adage minimaliste, less is more, pour protester contre le monopole radical des moteurs à explosions, le désastre écologique de l’industrie pétrolière et la violence des conducteurs à l’égard des cyclistes. 12 ans plus tard, ce sont plus de 10 000 cyclistes qui paradent nus dans les rues de Portland, devenue entre-temps l’une des villes les plus bike-friendly des États-Unis, avec 350 miles de pistes cyclables, pour un investissement de 60 millions de dollars.

Après quelques jours de pluie, la météo est redevenue parfaite : temps clair, vent léger, une vingtaine de degrés. A 20h00 le rendez-vous était fixé au Mount Scott Park. Je croise des cyclistes convergents vers l’événement, déjà très légers et aussi groupés en tribus colorées. La tradition des parades mélange revendications politiques (la lutte contre la dépendance pétrolière, la lutte contre le réchauffement climatique, la promotion de l’éco-mobilité,…), affirmations de valeurs (acceptation du corps, liberté, tolérance, convivialité) et joie créative et festive (musique, déguisements, vélos extraordinaires, public dans les rues,…). Cela fait un sacré cocktail qui a essaimé dans 20 pays et 75 villes.

Je suis arrivé dans le parc, il y avait déjà de la musique électro, des batucadas, des nudistes accompagnés de vélos partout et des stands de peinture de slogans. A 21h, le cortège s’élance dans les cris de joie et les applaudissements du public. Il fait frais, ma selle est peu confortable mais l’ambiance est suffisamment extraordinaire pour ne pas trop prêter attention aux désagréments ordinaires. La nudité devient la norme et non plus une transgression menaçante ou fragilisante. La présence du public le long du parcours qui se fait voyeur en même temps qu’il est joyeusement interpellé me surprend. Pas de débordement, pas d’ostentation perverse et les flics qui encadrent le flot avec sourire (et non qui interpellent et bastonnent les nudistes pour attentat à la pudeur comme à Paris en 2007). Au bout de 45 minutes, le cortège rejoint un autre parc où s’arrête le flux de culs nus. La plupart s’engagent vers des « after-party ». Déjà les sounds systems explosent et, comme on dit ici pudiquement, les vêtements sont optionnels. La nuit s’annonce nue et alcoolisée pour les fêtards.

Je rentre pour ma part vers mes quartiers. Sur la piste cyclables, nombreux sont ceux qui prolongent la manifestation et n’ont pas eu envie de se rhabiller. Au café, prêt de la maison de mes hôtes, un cycliste gare son vélo, il enfile short et T-shirt avant d’aller boire un verre… Tout simplement !

Damien

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