Encore une grosse journée. Je dors ce soir auprès d’une maison du State Park de Piedras Blancas. Elle ne semble pas occupée. J’ai squatté une vielle remise désaffectée par les hommes mais refuge parfait pour les hirondelles. Elles jouaient dans le vent ce soir c’était un spectacle incroyable. Il faut dire que je suis à l’abri du vent, mais que dehors cela souffle fort (35-40 Km/h). Et cela n’a pas arrêté de souffler depuis 10h ce matin. Je suis parti tôt à dessein. Cela semble une bonne stratégie. Parce que je n’aurais jamais parcouru les 80 miles d’aujourd’hui avec le vent de folie qui a contraint mon effort cet après-midi. J’ai roulé 8-9h. Le bas-côté immense a permis d’oublier un moment la dangerosité des chauffeurs californiens. Il ne faut pas oublier que ces gens-là ont élu Schwarzenegger gouverneur …
Exploitation agricole
En partant de Guadalupe, j’ai furtivement entrevu ce à quoi peut ressembler l’exploitation de la main d’œuvre bon marché dans l’agriculture intensive. C’était un champ de fraisiers. Les cuves reliées au système d’arrosage ne laissaient aucun doute sur la concentration en saloperies que les ramasseurs allaient côtoyer… Il régnait une sorte de rythme frénétique. Au centre, un stand avec une personne réceptionnant les caisses que s’empressaient de ramener les cueilleurs. Puis ils se jetaient sur les cagettes et les barquettes vides avant de repartir en courant dans les rangées… J’imagine donc que ces travailleurs sont payés à la caisse ramassée et que le paiement à la tâche est le moyen de « motiver » les cueilleurs pour obtenir une rentabilité maximum, le tout sans doute rendu supportable par une idéologie stakhanoviste ou pire encore de réalisation de soi au travail… Texas, Californie, exploiteurs de la terre et des hommes tous azimuts. Je fuis.


State Plage Oceano
Vers Océano, je vois un accès côtier tout proche. Je fais un détour… Je découvre que ledit State Park est en fait une zone réservée au « loisir automobile », 4×4 et autres quads de toutes sortes. Bien sûr la plage et la dune sont défoncées. Bien sûr, les surfeurs ne marche plus les 500 m qui les séparent de leur spot, bien sûr les pêcheurs déposent leur cul à l’ombre des pick-up… Une nouvelle fois, je fuis.


Vent
Repas à Cayuscos, petit village de surfeurs très joli. Après la sieste le vent est déchainé. J’observe qu’en se couvrant les oreilles et le nez, l’air semble être moins défavorable et la sensation est moins fatigante. Je rentre dans une zone touristique où le « free camping » devient compliqué. Il faut ruser et espérer que les restrictions budgétaires touchent aussi les fonctionnaires zélés de l’ordre. L’Etat était en train de refaire la route trop proche d’un littoral qui s’effondre. Quand on voit le boulot, on se dit qu’une nuit en tente d’un cycliste isolé ne fera jamais autant de dégât que la construction d’une route, même si l’on multiplie hypothétiquement le comportement par le nombre de voyageurs à vélo ne voulant pas le confort d’un camping et satisfaits par le sublime d’un coucher de soleil sur le Pacifique !
Damien













Beau texte, belles photos .
Des plages réservées aux auto ! quelle folie !
Gérard T.